En 2021, la MPM fait la fête à la Pédagogie !

Qu'est-ce que
la pédagogie ?
 
"Vous faites quoi
à la MPM ?"

Billet MPM d’avril 2021

Quand la pédagogie et les questions d’éducation entrent

en résonance avec les grands enjeux de leur temps.

 

« Qu'on n'y emploie exclusivement que la méthode expérimentale ou scientifique, celle qui part toujours de l'observation des faits quelle qu'en soit la nature, physiques, moraux, intellectuels »

Non, ce n’est pas la toute dernière injonction de notre ministre de l’Education nationale. C’est un extrait de la proclamation de la société l’Education nouvelle, qui date des premiers jours de la Commune de Paris, publié dans le Journal officiel du 7 avril 1871.

Cent cinquante ans après, cette déclaration péremptoire n’a rien perdu de sa puissance et de sa pertinence à l’ère des fake news et de l’emprise des réseaux sociaux sur la façon de penser le monde d’aujourd’hui.

La Commune de Paris et sa conception de l’Education nouvelle

 

Dix ans avant les lois de Jules Ferry sur la création de l’école publique en France, la société l’Education nouvelle « demande que l'instruction soit obligatoire, en ce sens qu'elle devienne un droit à la portée de tout enfant, quelle que soit sa position sociale, et un devoir pour les parents ou pour les tuteurs, ou pour la société ».

Le gouvernement de la Commune rompt radicalement avec l’organisation scolaire alors en place. Dans les « maisons d’instruction et d’éducation » (c’est ainsi que l’on nommait les écoles), l’enseignement est soustrait aux congrégations religieuses et assuré par des tuteurs laïcs. L’instruction est obligatoire pour tous les enfants des deux sexes. Les fournitures scolaires sont gratuites.

Les objectifs généraux de cette « éducation communale » sont fréquemment rappelés, comme sur une affiche du IVe arrondissement : « Apprendre à l’enfant à aimer et à respecter ses semblables. Lui inspirer l’amour de la justice ; lui enseigner également qu’il doit s’instruire en vue de l’intérêt de tous » (cité par K. Ross, L’imaginaire de la Commune. La Fabrique, 2015).

 

Les 72 jours de la Commune n’ont pas permis à tous les projets de voir le jour. Ainsi, celui qui figurait sur une affiche placardée sur les murs du IIe arrondissement : « Ce ne serait pas assez toutefois de modifier, même aussi profondément, l’éducation de la jeunesse. Aussi dirigerons-nous nos efforts vers la réalisation de l’enseignement professionnel. Que chaque enfant, de l’un ou l’autre sexe, ayant parcouru le cycle de ses études primaires, puisse sortir de l’École-Atelier possédant les éléments sérieux d’une ou deux professions manuelles : voilà notre but ». C’est le principe de l’« éducation intégrale », à la fois professionnelle et intellectuelle.

On retrouve l’essentiel de ces principes dans le programme éducatif que Paul Robin a expérimenté dans l’orphelinat de Cempuis (Oise), qu’il a dirigé de 1881à 1894. (Voir la trace de la « Rencontre avec les grands pédagogues » du 9 décembre 2020.) Un « grand pédagogue » qui peut être considéré comme un pont entre le « programme de la Commune et celui de l’Education nouvelle adopté au Congrès de Calais, en août 1921.

« Convergences pour l’Education nouvelle »

 

Le 6 mars 2021 sera peut-être une date importante dans la longue histoire de l’éducation. C’est, en effet, ce jour-là qu’est né officiellement cet appel lancé par plusieurs mouvements pédagogiques du courant de l’Education nouvelle. Après une introduction de Philippe Meirieu et un bref rappel historique, Etiennette Vellas a montré comment, à cent ans d’intervalle, l’Education nouvelle est toujours d’actualité et capable d’apporter sa contribution pour répondre aux exigences et aux urgences éducatives de notre temps.

Les similitudes sont grandes entre la situation générale au lendemain de la première guerre mondiale et celle d’aujourd’hui, avec ses crises écologique, sanitaire, civilisationnelle sans précédent. Une situation qui, dans les deux cas, fait naître des espoirs d’avènement d’une ère nouvelle.

Aujourd’hui, un certain nombre de mouvements pédagogiques et d’éducation populaire éprouvent le besoin de faire alliance pour les batailles à mener : articuler un projet pédagogique émancipateur avec un projet politique et social ; ils adressent une invitation à les rejoindre.

Au-delà de la diversité des engagements, l’envie est grande de se réunir, de mutualiser les acquis et les expériences, y compris au niveau international. Il s’agit de défendre l’enfant contre toutes les formes de ségrégation et, en même temps, de prendre soin de l’humain, de la vie, de la Terre.

Depuis la fin de la seconde guerre mondiale, il n’y a plus de congrès de l’Éducation nouvelle. Parmi les causes de cette disparition, E. Vellas reprend ce constat de Jean Houssaye : « La Science de l’éducation, puis les sciences de l’éducation se sont constituées sur le meurtre de la pédagogie ; les praticiens se sont vus ravir le droit d’élaborer le savoir pédagogique ». De même, pour Philippe Meirieu, « la pédagogie n’est pas soluble dans les Sciences de l’éducation ». Les praticiens regrettent que leurs théorisations se multiplient sans référence à eux.

 

Convergences se propose donc de créer un vaste laboratoire international de recherche en éducation associant tous les mouvements sans opposer militants et chercheurs. Travailler ensemble, créer une solidarité entre praticiens chercheurs et chercheurs professionnels, vers un pôle d’exigences réciproques.

Et E. Vellas de terminer son intervention en témoignant de l’enthousiasme partagé par les représentants des mouvements d’Éducation nouvelle porteurs de l’initiative dont on peut retrouver la vidéo de lancement en cliquant sur : https://convergences-educnouv.org

Une convergence aussi entre cette initiative à l’échelle nationale et internationale d’une part et la création de la MPM à l’échelle locale d’autre part, qui, depuis maintenant 5 ans déjà, permet à des personnes issues de différents horizons pédagogiques de travailler ensemble. Et faire de la MPM un lieu de rencontres et d’échanges entre praticiens et chercheurs autour des questions les plus vives dans le domaine de l’éducation, de la pédagogie et de l’école. (A ce propos, voir aussi la trace de la « Rencontre avec les grands pédagogues » du 8 mars dernier.)

En avril, à la MPM : de Comenius aux « Cordées de la réussite »

 

Cela avait été annoncé dans le billet MPM de janvier dernier : avril 2021 devait être le mois de la fête de la pédagogie à la MPM : le 10 avril devait être le jour du 5e anniversaire de l’inauguration de notre association et des 100 ans de l’Éducation nouvelle. Les tribulations du coronavirus et le maintien des gestes barrières nous ont contraints à reporter cette manifestation à des jours meilleurs, si possible à l’automne.

Grâce au distanciel, la MPM reste ouverte et propose, pour ce mois d’avril 2021, un grand écart dans le temps pédagogique : deux rencontres avec des acteurs distants de quatre siècles.

Le lundi 19 avril, à la rencontre d’un grand pédagogue : Comenius

Depuis 2 ans, un atelier, co-animé avec le Rezo!, a permis d’aller à la rencontre de « grands pédagogues », essentiellement à partir de petites vidéo réalisées par Philippe Meirieu. Des rencontres qui nourrissent des échanges entre participants dont on retrouve les traces sur notre site, et qui font constamment l’aller-retour entre les richesses du patrimoine pédagogique et l’expérience, les préoccupations, les interrogations des éducateurs d’aujourd’hui.

Les cordées de  la réussite à Mulhouse :

Quel bilan après 10 ans d’existence ?

Rencontre-débat 

Mercredi 14 avril  - à 18 h 30

L'événement sera à suivre
à distance
.

Veuillez vous inscrire pour pouvoir y accéder

En savoir plus... 

 
 

Jusqu’ici, ces rencontres ont permis de découvrir essentiellement les personnalités marquantes de l’Education nouvelle. Avec Comenius, nous faisons un saut dans le temps (1592-1670), sinon dans l’inconnu. Sait-on qu’il est l’ « inventeur » du découpage du cursus scolaire secondaire en 7 niveaux, de la 6’ à la Terminale et de la présence de la table des matières pour faciliter la consultation d’un ouvrage ?

Mais il y a beaucoup plus chez cet humaniste qui avait pour projet de permettre à tout un chacun d’accéder à l’ensemble des savoirs disponibles. Quels outils et quelle pédagogie a-t-il mis en place pour aller dans cette voie profondément généreuse ? En quoi une telle ambition peut-elle résonner, à près de quatre siècles de distance, avec les défis éducatifs de notre société dite « de l’information » et de l’« apprendre tout au long de la vie » ? (voir texte de présentation)

Le mercredi 14 avril : les « Cordées de la réussite » à Mulhouse : quel bilan ?  

Il est bien connu que le système scolaire français est profondément inégalitaire et force est de constater que les élèves de milieux défavorisés ont toujours plus de mal que les autres à réussir à l’école. A peine arrivée au pouvoir, en 1981, la gauche a eu à cœur de s’attaquer à ce qu’elle considérait comme inacceptable. Cela s’est traduit par l’adoption d’une politique de discrimination positive (création des ZEP), et, aujourd’hui, on ne compte plus les dispositifs qui ont été installés et se sont empilés pour réduire les inégalités scolaires et lutter notamment contre l’échec et le décrochage.

Mais les élèves de milieux défavorisés ont toujours autant de mal à accéder aux études supérieures (et à y réussir) et, plus nettement encore, à ce que l’on appelle les « grandes écoles ». C’est dans une perspective de restauration de l’« élitisme républicain » qu’ont été créées, en 2008, les « Cordées de la réussite », un dispositif qui concerne aujourd’hui l’UHA, plusieurs lycées et collèges mulhousiens.

Nicole Adloff, membre actif de la « Cordée des Sciences » du Lycée Schweitzer de Mulhouse et auteure d’un mémoire de master sur l’évaluation du dispositif, a accepté de nous présenter son expérience et ses réflexions à partir des entrées suivantes :

  • qu’apporte de neuf le dispositif des Cordées de la réussite?  
  • comment fonctionne-t-il ?
  • quels sont ses succès, ses écueils ?

L’inscription préalable sur le site est indispensable pour pouvoir participer à cette rencontre-débat.

Les propos de la proclamation des délégués de la société l’Éducation nouvelle citée en introduction restent d’une grande actualité quand ils font entrer en résonance les questions d’éducation avec les enjeux politiques et sociaux du moment :

« La question de l'éducation, laquelle n'est exclusive d'aucune autre, est la question mère, qui embrasse et domine toutes les questions politiques et sociales, et sans la solution de laquelle il ne sera jamais fait de réformes sérieuses et durables. »

 

 

  • Pour en savoir plus sur l’école de la Commune avec le petit article de Jean-Louis Robert paru en 2015 dans le Bulletin des Amis de le Commune :

https://www.commune1871.org/index.php/la-commune-de-paris/histoire-de-la-commune/dossier-thematique/568-l-enseignement-sous-la-commune
(Merci à Michel Puzelat, de l’association Les Amis de la Commune, pour son précieux concoures)

  • Pour contacter la MPM : Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.

 

 

 

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